...DIWAN AL FEN nous présente quelques 1977 artistes peintres, sculpteurs et designers algériens d'origine ou d'adoption vivant en algérie ou à l'étranger (...) Les grandes figures des arts plastiques y cotoient des talents représentant toutes les tendances jusqu'aux plus récentes, souvent nés dans les années post-indépendance. En plus des artistes sortie de l'Ecole des Beaux-arts, on y trouve d'autres talents autodidactes. Les notices biographiques (...), dont certaines sont illustrées par une oeuvre en couleurs, comportent une présentation biographique (...). Ce dictionnaire nous invite ainsi non seulement à une lecture de l'expérience esthétique des artistes algériens, mais aussi à une visite d'un " Musée imaginaire " qui pourrait bien devenir le musée virtuel de l'Art algérien.(Extrait de la préface) Mounir Bouchenaki , Directeur Général du Centre Internationald'Etudes pour la Conservation etla Restauration des Biens Culturels -Rome- (ICCROM)
INTRODUCTION
C’est en visitant les musées et galeries d’art et en prospectant aux sources du mouvement pictural algérien que de multiples questionnements viennent à l’esprit: « Comment l’artiste, témoin privilégié de son temps va-t-il appréhender les évènements du monde à venir, à travers les vicissitudes de l’histoire, le poids de la réalité nationale et la charge d’une affectivité débordante ? ». Notre jeune peinture traversée par les tendances artistiques et les fluctuations du monde moderne et enrichie des multiples substrats d’une culture ancestrale variée va s’affirmer timidement au début du 20ème siècle. Plus tard, des générations de peintres issus des Ecoles d’Arts, talents néophytes ou autodidactes, vont s’atteler, à travers les décennies écoulées à la création d’une expression authentiquement algérienne. Les « Aouchem » , mouvement mythique, apparaîtront comme un éclair fulgurant dans le ciel, et vont revendiquer la réappropriation du patrimoine culturel ancestral allant à la recherche de cette « tradition authentique », née sur les parois d’un lointain Tassili, ayant résisté à l’érosion du temps. Décriant l’imagerie classique et lénifiante déployée dans les galeries officielles, leur combat va alors s’assimiler à une quête profonde de l’identité. Le groupe bien qu’éphémère et violement pris à parti par des pairs, fera néanmoins beaucoup d’émules parmi des générations de peintres qui verront dans le Signe l’ultime point de ralliement. Plus tard, d’autres groupes marqueront la scène artistique, à l’instar du groupe « Présence » ou du groupe des « 35 » qui s’élèvent contre ce qu’ils qualifient « d’ostracisme démagogique » … Il faudra attendre la fin de la décennie 90 et son cortège d’évènements tragiques, cause de l’exode massive des artistes galvanisés et réduits au silence, avec –paradoxalement- l’éclosion des premières galeries d’art privées qui vont injecter un regain de vitalité sur la scène artistique en désertion, pour qu’apparaisse le groupe « Essebaghine », revendiquant « l’autonomie de la création » et se proposant d’exposer en dehors de tout cadre officiel. Le groupe va dénoncer les représentations exotiques de l’art et s’opposer à toute vision spéculative et mercantiliste de l’Art entretenue par de nouveaux mécènes et prône « une pensée constamment liée aux jouissances et richesses du corps ». Dans ces nouveaux sillages, beaucoup de jeunes peintres voyageront et s’intéresseront de plus en plus aux arts visuels introduisant des techniques nouvelles proposant des installations quelque fois audacieuses et marquées d’humour espiègle. Certains osent dans une vision novatrice et quelque peu décriée défier les règles classiques et rigoureuses de la miniature. A travers le pays se créent, en amont des établissements culturels déjà existants, des associations et groupes artistiques quelquefois éphémères : « Prisma » à Batna, « Bassamate » à Guelma, « Le Rocher » à Constantine, « Le libre pinceau » à Oran, « El hidhab pour les Arts » à Tiaret , « Basma » à Sidi Bel Abbes . etc … offrant ,dans cette Algérie profonde ,des opportunités diverses aux jeunes talents qui vont d’une manière balbutiante, bon an mal an, s’insérer dans ces nouveaux espaces d’expression. Peut-on parler alors de « mutisme des peintres » ? On ne peut omettre tous ceux que l’on stigmatisera sous l’appellation de nouveaux «Peintres du Voyage ». Poussés à l’émigration à la faveur des sanglants évènements de la tragédie nationale, installés à Paris, Marseille, Londres ou Montréal, ces artistes vont à leur manière élaborer des techniques d’expression particulière, défiant les thèmes classiques et abordant à travers installations et performances, l’utilisation de nouvelles techniques et de nouveaux supports s’inspirant des tendances nouvelles des arts plastiques. Ces jeunes vont inaugurer de nouveaux langages esthétiques et aborder avec une outrecuidante actualité les thèmes de l’identité et de la mémoire, à travers des créations nouvelles incongrues, mêlant réalisme et causticité. Ils soulèvent à la manière d’une remise en question quelque peu provocatrice de nouvelles problématiques nées de leur exil, mais qui vont néanmoins s’inscrire dans un registre éminemment national exprimant sous d’autres horizons les préoccupations d’une conscience lancinante face à un monde en perpétuelle mutation. "Diwan Al-Fen " Djamila FLICI- GUENDIL,
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