édition El Watan du 24 avril 2008:Arts et lettres
Le Dictionnaire des peintres, sculpteurs et designers algériens de Djamila Flici-Guendil, un who’s who coloré. A priori destinée à d’autres publications, après des études à l’ENA., l’auteure a finalement penché pour ses anciennes passions.
La littérature qui la fascinait très jeune, la pratique personnelle de l’écriture puis sa découverte de l’art l’avaient d’ailleurs amenée à réorienter sa carrière pour se rapprocher de ses centres d’intérêt en travaillant au ministère de la Culture puis à l’Office national des Droits d’auteurs. Aussi, une fois interrompue sa vie professionnelle, elle a naturellement choisi de collaborer sous un pseudonyme dans un quotidien national, dans la rubrique culturelle et, notamment, sur les arts plastiques. Elle a ainsi engrangé quantité d’informations sur l’activité artistique dans notre pays et surtout sur les artistes de différentes disciplines. Son ouvrage, Diwan el Fen, sous forme de beau livre, comprend ainsi 1977 références, n’excluant aucune pratique de l’art dans notre pays comme à l’étranger, à travers les artistes algériens émigrés. Ce souci d’exhaustivité, Djamila Flici-Guendil s’est efforcée de l’appliquer de plusieurs autres façons. Ainsi, souligne-t-elle, « J’ai tenu à retenir tous les peintres d’Algérie et à ne pas me cantonner au microcosme algérois, certes le plus important en termes d’activités artistiques et de nombre d’artistes, mais qui n’est pas la totalité de la production artistique algérienne ». De même, a-t-elle veillé à ne pas différencier entre les artistes formés dans des Ecoles d’art et les autodidactes qui ont franchi le pas d’une pratique intime de la peinture pour affronter le monde des galeries et les regards du public. Cette préoccupation, qui l’honore et correspond d’ailleurs à l’objet d’un dictionnaire censé offrir la vision la plus large de son domaine, prend parfois cependant les contours d’un égalitarisme forcé. En art, le critère de maîtrise et de talent discrimine quasi-naturellement les individualités et cette compétition dans l’expression est même indispensable à son exercice. Aussi, on se retrouve parfois dubitatif devant des références de ce dictionnaire qui se limitent à une exposition, sans autres indications du parcours de l’artiste. Mais, après tout, rétorquera-t-on, ce n’est pas le nombre d’expositions qui forgent la valeur d’un artiste. Sans doute, mais… A la décharge de l’auteure qui affirme aussi un désir d’encouragement et de reconnaissance de tous les artistes, on peut considérer que l’inexistence d’une critique forte et reconnue dans notre pays constitue un handicap certain dans l’établissement de critères d’évaluation et a fortiori d’une hiérarchisation. L’anarchie qui règne sur le marché de l’art est là pour en témoigner. Diwan el Fen s’attache heureusement à mettre en valeur les grandes signatures de l’art algérien depuis ses débuts. Visiblement, l’auteure a fourni un travail important de recherche, luttant contre les difficultés d’accès aux sources, voire leur inexistence pour certains artistes. A ce titre, l’ouvrage est aussi un compte-rendu sur l’état de la critique et de l’information culturelle dans notre pays. Djamila Flici-Guendil, qui compte s’inscrire dans un travail à long terme, comme le veut la tradition du dictionnaire, a déjà entamé son enrichissement, tandis que se prépare la traduction en arabe. Mais déjà, les professionnels (artistes, chercheurs, journalistes…) comme les amateurs d’art, trouveront dans cette somme un profit utile, d’autant que d’assez nombreuses illustrations permettent de compléter la vision d’un artiste.
Diwan El Fen. Djamila Flici-Guendil. Préface de Mounir Bouchenaki. Ed. ENAG (Alger, 2008). 360 p.
Slimane Brada
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