vendredi 23 mai 2008


Diwan Al Fen
Mme Djamila Flici-Guendil
Un ouvrage mémoire de l’expression picturale en Algérie
Le Jour d 'Algérie-1/4/2008
Par Ahmed Mahieddine
Elle vient de publier «Diwan Al-Fen», un dictionnaire énumérant et présentant les peintres, sculpteurs et designers, connus ou inconnus, qu’elle a pu répertorier et qui, à travers leur art, leurs dons particuliers, leur talent, contribuent à façonner l’histoire de l’expression picturale algérienne.
Lors d’un entretien à bâtons rompus, elle explique comment, petit à petit, elle en est arrivée à l’idée de concevoir un ouvrage d’une telle dimension. Au départ, rien ne prédestinait Djamila Flici-Guendil, une ancienne fonctionnaire du ministère de la Culture, à se lancer dans l’accomplissement d’un travail qui allait lui prendre près de cinq années de sa vie. S’adonne-t-elle à une quelconque expression artistique ? Elle répond que non. «Je suis plutôt portée sur la littérature. Habituellement, dit-elle, je collabore à un journal pour lequel je rédige des contes du terroir ainsi que des articles sur l’expression picturale, les expositions…». Quand on lui demande à partir de quel moment elle a commencé à réfléchir à l’édition d’un ouvrage consacré aux peintres, sculpteurs et designers, elle explique que c’est en raison des contacts réguliers qu’elle n’a cessé d’avoir avec les personnes s’adonnant à cette forme d’expression. «Certains parmi eux regrettaient et déploraient l’absence d’une dictionnaire, une sorte de support mémoire qui puisse aider à faire connaître leurs œuvres. C’est à partir de ce moment qu’a commencé à germer l’idée d’un ouvrage consacré entièrement aux artistes peintres algériens. Bien sûr, il existait déjà un ouvrage de Achour Cheurfi intitulé Le livre des peintres algériens, mais le monde de la peinture étant en constante évolution, beaucoup d’artistes n’y figuraient pas. Il y a de nombreux talents qui apparaissent et qui cherchent, légitimement, à se faire connaître. Parmi eux, il existe de nombreux méconnus à travers tout le pays, autodidactes, utilisant différentes techniques pour exprimer leur art mais pour lesquels il n’existe aucun moyen pouvant contribuer à les faire connaître. C’est dire qu’il y a énormément à faire et un immense terrain à débroussailler. D’autre part je voyais des artistes qui, lorsqu’ils leur arrivent d’exposer leurs œuvres, le font généralement dans les grandes villes. Ceux qui vivent dans des zones éloignées ou enclavées et qui représentent un important gisement de talents n’ont pas toujours cette possibilité. C’est à partir d’un tel constat que m’est venue l’idée d’aller à leur rencontre, là où ils se trouvent, pour faire en sorte de les révéler». Mme Flici-Guendil indique que lorsqu’elle a commencé à mettre en ordre les données biographiques qu’elle avait pu récolter elle s’est aperçue qu’elles étaient rigides et lapidaires. «Je me suis alors dit qu’il me fallait prendre contact avec le maximum d’artistes que je voulais présenter, prendre mon temps pour les retrouver et les faire parler sur eux-mêmes et leurs œuvres. Beaucoup de peintres de talents sont absents de la scène artistique, n’exposent pas ou le font dans un cercle restreint. Ma démarche a consisté, également, à compulser des ouvrages d’rrt où sont répertoriés et présentés les artistes les plus connus de même que de nombreux articles de presse consacrés à des expositions. Cela m’a beaucoup aidé. Les autres sources documentaires étaient constituées par les musées et les galeries d’art où il m’a été donné de rencontrer et de discuter avec de nombreux peintres et sculpteurs. Je me suis aussi déplacée vers les ateliers de certains parmi eux. J’ai consulté des catalogues édités à l’occasion d’expositions et fait en sorte de rencontrer, lorsque cela m’était possible, des proches d’artistes disparus afin de tenter d’obtenir le maximum d’informations à leur sujet. Ce long et laborieux travail de recherche, tout en me permettant de découvrir, beaucoup plus en profondeur, le monde artistique national, contribua à me constituer un intéressant fonds documentaire sur un certain nombre d’expressions artistiques algériennes. C’est ainsi que j’ai pu, en outre, m’apercevoir que lors de ce que l’on appelle la décennie noire, beaucoup d’artistes avaient quitté le pays mais ont, cependant, continué à s’exprimer sur des thèmes liés à l’exil, la quête identitaire». Signalant les tendances modernes de la peinture moderne algérienne, elle tient à rappeler que les artistes algériens ont commencé très tôt à s’investir dans cette forme d’expression. « Il n’y a, pour cela, qu’à se référer aux gravures rupestres du Hoggar et du Tassili. Très tôt également on a abordé chez nous l’art de la calligraphie, de l’enluminure, de la miniature, de la décoration sur des objets usuels pour en arriver par la suite à la peinture de chevalet. Durant mes recherches il m’a ainsi été donné de découvrir la présence d’un peintre, Bella Boughraza né en 1856 qui peignait des tableaux parmi lesquels l’un se trouve dans un musée à Constantine. Aux premiers moments de l’indépendance, beaucoup de peintres, à la recherche d’un ancrage, cherchaient à remonter aux origines de leur culture ancestrale notait dans un ouvrage le peintre disparu, Mohamed Khadda». L’auteure de Diwan Al-Fen, tiré à 3 000 exemplaires, déclare qu’après toute cette longue quête qu’elle qualifie d’aventure fabuleuse, elle s’est trouvée confrontée à une difficulté de taille : la fiabilité de l’information récoltée et la marge d’erreur qu’elle était susceptible de contenir. «J’ai, dit-elle, fait en sorte d’échapper à la facilité. Il me fallait être minutieuse et précise pour pouvoir cerner au plus près la personnalité de l’artiste que je voulais présenter. Dans ce que j’ai entrepris de faire il y a certainement des omissions en raison du fait que de nouveaux talents ne cessent continuellement d’apparaître». Mme Djamila Flici-Guendil observe à ce propos que si son dictionnaire est accueilli favorablement par le public, elle fera en sorte d’en publier une édition réactualisée dans environ deux années. Elle signale au passage qu’elle a beaucoup été frappée par l’intérêt manifesté par le public pour ce dictionnaire lors de la vente dédicace organisé il y près d’une semaine au Salon du livre à la Bibliothèque nationale. A noter que Mme. Flici-Guendil a pris la décision de reverser la totalité des droits d’auteur rapportés par Diwan Al-Fen à l’association Nour Douha d’aide aux personnes affectées par le cancer dont les locaux son situés dans le bâtiment abritant le Centre Pierre et Marie Curie à Alger.
A.M

Dictionnaire des peintres, sculpteurs et designers algériens
Diwan Al-Fen ou les prémices d’une histoire de l’art algérien
Fruit de cinq années de recherche, de prospections constantes et d’un travail rigoureux, un dictionnaire des peintres, sculpteurs et designers algériens intitulé Diwan Al-Fen, conçu par Mme Djamila Flici-Guendil vient d’être édité conjointement par l’ENAG et l’ANEP.
Présenté pour la première fois au public, lors du Salon du livre organisé tout récemment dans l’enceinte de la Bibliothèque nationale, cet ouvrage, prémisse d’une Histoire de l’Art algérien qui reste à écrire, offre une rétrospective se voulant aussi complète que possible de la créativité artistique en Algérie. Il s’agit d’un dictionnaire biographique abondamment illustré, mais non moins encyclopédique, dans lequel se côtoient, par ordre alphabétique et sur 370 pages, 1 977 figures des Arts plastiques représentant différentes tendances, les plus connues comme celles qui le sont moins, sorties de l’Ecole des Beaux-Arts ou bien autodidactes, vivants ou ayant vécu dans le pays où qui, pour des raisons diverses, s’en sont allées s’établir à l’étranger.
Cette contribution littéraire majeure couvre toute la période contemporaine s’étalant du 19e siècle à ce jour. Parmi les plus anciens peintres qui y sont présentés on retrouve un certain Bella Boughraza, né en 1856 à Tlemcen et décédé en 1921. L’une des œuvres de cet artiste est actuellement conservée au musée Cirta de Constantine. En plus de s’attacher à faire un portrait biographique, le plus exhaustif possible, des peintres, sculpteurs et designers, enlumineurs, calligraphes, aquarellistes, miniaturistes, céramistes et autres graphistes, compte tenu de l’importance de leur notoriété et des données qui ont pu être accumulées sur eux-mêmes et sur leurs oeuvres, l’auteure de Diwan El-Fen offre l’occasion, parfois, dans cette contribution littéraire de valeur, de découvrir une reproduction de l’une de leurs productions de même qu’elle s’attache, pour certains parmi eux, jusqu’à indiquer les lieux, galeries ou musées, où il est possible de pouvoir admirer un plus large éventail de leurs créations artistiques. Dans sa préface de Diwan Al-Fen, le Directeur général du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels, M. Mounir Bouchenaki, souligne que cet ouvrage est un témoignage de la richesse de l’inspiration artistique et du dynamisme des créateurs algériens où qu’ils soient en même temps qu’il ouvre la voie à l’espoir et à l’appel à de nouvelles vocations.
A.M

Aucun commentaire: